Durant la grossesse, le corps de la femme vit une transformation biomécanique aussi subtile que profonde. Cette période de neuf mois n’est pas seulement marquée par l’augmentation du volume abdominal ou la prise de poids ; elle engage une réorganisation complète de la posture et de la dynamique corporelle. Le centre de gravité se déplace progressivement vers l’avant et vers le haut, ce qui entraîne une cascade d’ajustements musculaires, articulaires et proprioceptifs.
La chaîne respiratoire est également modifiée. Le diaphragme est refoulé vers le haut par l’utérus en expansion, rendant la respiration thoracique plus prédominante et moins efficace. Cette altération de la mécanique respiratoire perturbe également le retour veineux, en particulier le flux ascendant des membres inférieurs, déjà mis à mal par la pression abdominale. En conséquence, les femmes enceintes souffrent fréquemment de lourdeurs de jambes, d’œdèmes, voire de troubles veineux chroniques.
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Sur le plan postural, le schéma le plus fréquent est celui d’un effondrement thoracique, associé à une rétroversion du bassin, une fermeture scapulaire et une perte de repères proprioceptifs centraux. La femme, souvent affaissée, sursollicite ses trapèzes, ses psoas, ses muscles superficiels dans une tentative de se redresser. Ce schéma conduit à des douleurs cervicales, dorsales, lombaires, mais aussi à une diminution de la capacité respiratoire et à une perturbation de la circulation veineuse.
À cela s’ajoute un facteur aggravant : la charge mentale post-partum. Inquiétude constante pour le nouveau-né, hypervigilance, responsabilités accrues, solitude fréquente... Cette surcharge émotionnelle se somatise. Elle accentue les tensions, fige la respiration, bloque les amplitudes articulaires. L’organisme entre dans un état de surmenage postural chronique, où les réserves physiologiques sont épuisées sans pouvoir être reconstituées.
L’erreur fréquente, encouragée parfois par l’environnement ou la pression sociale, est de vouloir « faire du sport » trop tôt. Or, toute reprise de l’activité physique sans réintégration préalable du schéma corporel profond expose à des compensations délétères. Il ne s’agit pas d’exercer, mais de reconstruire : reconstruire l’axe vertical, rétablir les connexions neuromusculaires profondes, restaurer la synergie entre diaphragme, transverse et plancher pelvien.
Une musculature insuffisante aggrave les contraintes articulaires par l'ajout d'une activité physique non préparée, le port du bébé !
Il est donc impératif d’instaurer une véritable culture de la récupération post-partum. Cela implique une prise en charge pluridisciplinaire, coordonnée, précoce. La rééducation orthokinésique, en combinant biomécanique, proprioception, respiration et posturologie, offre à la jeune mère non seulement la possibilité de soulager ses douleurs, mais surtout de retrouver sa pleine fonctionnalité corporelle. Cette reconstruction est un acte de santé fondamentale, qui conditionne son bien-être futur, son équilibre hormonal, son tonus psychique, et sa capacité à vivre pleinement son rôle de mère sans s’oublier en tant que femme.


Il est fondamental de comprendre que ce qui n’est pas corrigé tôt s’enracine. Durant la grossesse, le corps se modifie en profondeur. Cette transformation, aussi nécessaire que naturelle, impose une surcharge mécanique, hormonale et posturale qu’il faut savoir accompagner. Si ces adaptations sont ignorées, le risque est grand de voir s’installer des séquelles post-partum durables, voire irréversibles. Pourtant, la majorité des douleurs et troubles qui apparaissent après l’accouchement sont évitables si l’on agit suffisamment tôt, dès les premiers signes de déséquilibre, voire en amont, grâce à un bilan préventif.
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Il est également essentiel d’intégrer le facteur émotionnel. La maternité tardive est souvent portée par un fort désir d’enfant, parfois après un long parcours de fertilité. Cela crée un contexte psychique particulier, dans lequel le corps peut être vécu comme à la fois précieux et fragile. Le rôle du thérapeute est ici d’instaurer une relation de confiance, d’écoute, et de valorisation de chaque progression.
Enfin, le post-partum des femmes de plus de 40 ans doit être considéré comme une période stratégique de réhabilitation fonctionnelle. Il ne s’agit pas seulement de récupérer, mais de réinitialiser le schéma corporel global. La posture devient un outil de reconquête, la respiration une voie de recentrage, le mouvement une forme de renforcement vital. Avec un accompagnement orthokinésique rigoureux et humain, la maternité tardive peut ainsi devenir une expérience d’alignement, de renaissance corporelle, et de puissance retrouvée.
Ce chapitre propose une méthodologie d’intervention orthokinésique structurée, adaptée aux différentes phases de la maternité. Le protocole repose sur trois grands principes : évaluer, réorganiser, stabiliser. Chaque étape correspond à un moment-clé dans le parcours de la femme, depuis la période préconceptionnelle jusqu’au post-partum avancé. Cette approche permet une correction fine, une prévention ciblée et une reconstruction durable des fonctions posturales, respiratoires et proprioceptives.
Phase 1 – Préconception et 1er trimestre
Objectifs : repérage des faiblesses posturales, activation douce du tonus profond, équilibrage plantaire.
Phase 2 – 2e trimestre
Objectifs : prévenir les surcharges, préserver la mobilité pelvienne, entretenir la synergie posturale.
Phase 3 – 3e trimestre
Objectifs : soulager les tensions, renforcer les structures clés pour l’accouchement, maintenir l’alignement.
Phase 4 – Post-partum immédiat (0–6 semaines)
Objectifs : récupération douce, recentrage corporel, prévention des séquelles.
Phase 5 – Post-partum stabilisé (6 semaines à 6 mois)
Objectifs : reconditionnement fonctionnel, prévention des rechutes, redynamisation globale.
Phase 6 – Préparation à une nouvelle grossesse
Objectifs : bilan d’intégrité fonctionnelle, prévention des surcharges futures.
Bibliographie
Ce bilan postural complet, réalisé avec le système OPS Clinic, permet d’analyser finement votre posture en statique et en dynamique. Il met en évidence les asymétries, les compensations et les surcharges mécaniques qui peuvent être à l’origine de vos douleurs aux pieds, aux genoux, au dos, aux hanches ou encore aux épaules.
Le logiciel OPS est un outil d’analyse biomécanique avancé qui mesure les déséquilibres posturaux, quantifie les asymétries et aide à objectiver l’efficacité des traitements, notamment des semelles orthopédiques actives et des autres activateurs posturaux. Il constitue le cœur du bilan postural OPS et permet de suivre l’évolution du patient dans le temps.
