Comprendre les enjeux biomécaniques de la grossesse et du post-partum à travers le prisme de la posture

LA MATERNITE EN EQUILIBRE : TRANSFORMATION POSTURALE ET RECONSTRUCTION FONCTIONNELLE

Christophe Otte
Orthokinésiste
Physiothérapeute, podologue, ostéopathe, posturologue
LA MATERNITE EN EQUILIBRE : TRANSFORMATION POSTURALE ET RECONSTRUCTION FONCTIONNELLE
Quand la vie bascule, le corps suit !

Porter la vie est un bouleversement. Non seulement un bouleversement intime, émotionnel, existentiel, mais aussi un basculement corporel, profond et silencieux. Trop souvent réduit à une simple prise de poids ou à une modification transitoire de la silhouette, le processus de grossesse déclenche en réalité une transformation biomécanique d’une ampleur remarquable. Chaque mois, chaque semaine, le corps s’adapte, compense, module ses appuis, réorganise ses tensions. Cette intelligence corporelle, aussi admirable soit-elle, a ses limites. Et lorsqu’elle est dépassée, surgissent douleurs, dysfonctionnements, épuisement.

Cet article propose une lecture de la maternité : celle d’un processus postural global, où chaque changement hormonal, chaque contrainte mécanique, chaque surcharge émotionnelle s’inscrit dans un schéma corporel précis. Il ne s’agit pas de pathologiser la grossesse, mais de la comprendre en tant qu’expérience fonctionnelle à part entière, exigeante et régénératrice à la fois, à condition d’être accompagnée avec justesse.
 

CHAPITRE 1 : LA GROSSESSE – UNE RÉVOLUTION POSTURALE SILENCIEUSE

Durant la grossesse, le corps de la femme vit une transformation biomécanique aussi subtile que profonde. Cette période de neuf mois n’est pas seulement marquée par l’augmentation du volume abdominal ou la prise de poids ; elle engage une réorganisation complète de la posture et de la dynamique corporelle. Le centre de gravité se déplace progressivement vers l’avant et vers le haut, ce qui entraîne une cascade d’ajustements musculaires, articulaires et proprioceptifs.

La compensation posturale la plus visible est l’hyperlordose lombaire. Cette cambrure exagérée est une réponse biomécanique à la projection antérieure du ventre. Elle entraîne une hypertonie des muscles paravertébraux lombaires et une inhibition réflexe des muscles abdominaux profonds, en particulier le transverse de l’abdomen (m. transversus abdominis), véritable corset naturel. Le bassin bascule en antéversion, ce qui augmente la pression sur les articulations sacro-iliaques et diminue la stabilité pelvienne. À cela s’ajoute un relâchement ligamentaire généralisé sous l’effet de la relaxine, hormone essentielle à la souplesse des tissus, mais qui favorise également les instabilités articulaires.
 

La chaîne respiratoire est également modifiée. Le diaphragme est refoulé vers le haut par l’utérus en expansion, rendant la respiration thoracique plus prédominante et moins efficace. Cette altération de la mécanique respiratoire perturbe également le retour veineux, en particulier le flux ascendant des membres inférieurs, déjà mis à mal par la pression abdominale. En conséquence, les femmes enceintes souffrent fréquemment de lourdeurs de jambes, d’œdèmes, voire de troubles veineux chroniques.

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Le pied, véritable socle postural, se modifie lui aussi. Sous l’effet du relâchement ligamentaire et de la prise de poids, on observe souvent un affaissement de la voûte plantaire (éversion excessive) qui perturbe la proprioception et l’alignement des chaînes montantes. Le pied perd son rôle de capteur d’équilibre, ce qui entraîne une cascade d’ajustements compensatoires ascendantes, notamment au niveau du genou, du bassin et de la colonne vertébrale.
 
Cliniquement, les douleurs dorsales (lombalgies, sciatalgies, dorsalgies), les tensions cervicales, les douleurs sacro-iliaques et les sensations de pesanteur pelvienne sont fréquentes dès le deuxième trimestre. Ces signes ne sont pas anodins : ils témoignent d’une surcharge des chaînes musculaires profondes et d’une fatigue posturale avérée. Trop souvent, ils sont considérés comme inévitables, voire banalisés. Pourtant, ils révèlent un déséquilibre fonctionnel qui, sans correction, risque de perdurer après l’accouchement.
 
L’approche OPS propose une stratégie préventive. Elle repose sur trois piliers : l’évaluation posturale personnalisée, la stimulation des capteurs proprioceptifs (notamment via les activateurs plantaires), et le renforcement ciblé des chaînes musculaires profondes. Cette méthode vise à maintenir l’alignement corporel tout au long de la grossesse, à optimiser la respiration diaphragmatique, et à préserver la stabilité lombo-pelvienne. Elle comprend également un travail adapté du plancher pelvien et une vigilance accrue sur les asymétries d’appui.
 
Lorsque ces corrections sont mises en place précocement, la grossesse devient non plus une période de perte fonctionnelle, mais un moment d’éducation corporelle. La femme enceinte apprend à respirer efficacement, à activer ses muscles stabilisateurs, à se tenir et se mouvoir dans le respect de sa physiologie. Elle entre dans l’accouchement avec un corps prêt, réactif, conscient. C’est dans cette prévention que se situe le véritable enjeu de santé publique autour de la périnatalité : anticiper, corriger, accompagner.
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CHAPITRE 2 : LE POST-PARTUM – UNE RÉCUPÉRATION INACHEVÉE

Le post-partum n’est pas une parenthèse de quelques semaines, mais un processus de rééquilibration physiologique, biomécanique et postural qui s’étend sur plusieurs mois, voire plusieurs années. L’accouchement, qu’il soit par voie basse ou par césarienne, laisse le corps dans un état de grande vulnérabilité. Les structures sollicitées durant la grossesse – muscles abdominaux, plancher pelvien, articulations sacro-iliaques, fascias thoraco-lombaires – sont distendues, désorganisées, voire lésées. Or, dans la majorité des cas, aucun protocole de récupération fonctionnelle adapté n’est proposé immédiatement. La rééducation périnéale, lorsqu’elle est prescrite, ne suffit pas à elle seule à restaurer l’ensemble de l’équilibre postural global.
 
Les premières semaines sont marquées par une accumulation de contraintes : manque de sommeil, allaitement prolongé, portage asymétrique du bébé, stress émotionnel, déficit d’attention à soi. Le corps, encore instable, est réquisitionné sans répit. Le diastasis recti, souvent non évalué, empêche toute synergie correcte des muscles abdominaux. Le plancher pelvien, mis à rude épreuve pendant la grossesse et l’accouchement, reste hypotonique. La respiration diaphragmatique, freinée par des mois de compression viscérale, ne s’est pas encore rétablie. Tout cela conduit à une désorganisation profonde du caisson abdominal et une incapacité à retrouver une posture fonctionnelle
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Sur le plan postural, le schéma le plus fréquent est celui d’un effondrement thoracique, associé à une rétroversion du bassin, une fermeture scapulaire et une perte de repères proprioceptifs centraux. La femme, souvent affaissée, sursollicite ses trapèzes, ses psoas, ses muscles superficiels dans une tentative de se redresser. Ce schéma conduit à des douleurs cervicales, dorsales, lombaires, mais aussi à une diminution de la capacité respiratoire et à une perturbation de la circulation veineuse.

À cela s’ajoute un facteur aggravant : la charge mentale post-partum. Inquiétude constante pour le nouveau-né, hypervigilance, responsabilités accrues, solitude fréquente... Cette surcharge émotionnelle se somatise. Elle accentue les tensions, fige la respiration, bloque les amplitudes articulaires. L’organisme entre dans un état de surmenage postural chronique, où les réserves physiologiques sont épuisées sans pouvoir être reconstituées.

L’erreur fréquente, encouragée parfois par l’environnement ou la pression sociale, est de vouloir « faire du sport » trop tôt. Or, toute reprise de l’activité physique sans réintégration préalable du schéma corporel profond expose à des compensations délétères. Il ne s’agit pas d’exercer, mais de reconstruire : reconstruire l’axe vertical, rétablir les connexions neuromusculaires profondes, restaurer la synergie entre diaphragme, transverse et plancher pelvien.

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L’approche OPS répond à ce besoin par une méthodologie progressive et personnalisée. Tout commence par un bilan postural complet, qui explore les asymétries d’appui, les pertes de stabilité, les désorganisations des chaînes musculaires. Ce bilan permet de définir les priorités thérapeutiques. Ensuite, des outils comme les activateurs plantaires viennent réveiller les boucles réflexes posturales, tandis que des exercices ciblés permettent de réactiver la respiration diaphragmatique et renforcer le caisson abdominal dans sa profondeur. La posture est ensuite rééduquée dans des gestes du quotidien (portage, station debout, allaitement) afin de restaurer un mouvement physiologique intégré.
 
L’un des objectifs majeurs de ce protocole est de préparer une éventuelle future grossesse. Car si le corps n’a pas totalement récupéré avant une seconde gestation, les déséquilibres s’amplifient : l’instabilité pelvienne s’aggrave, le diastasis s’élargit, la fatigue musculaire se chronicise. C’est ainsi que certaines femmes, après deux ou trois grossesses successives non récupérées, développent des troubles posturaux majeurs, parfois irréversibles.
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Une musculature insuffisante aggrave les contraintes articulaires par l'ajout d'une activité physique non préparée, le port du bébé !

Il est donc impératif d’instaurer une véritable culture de la récupération post-partum. Cela implique une prise en charge pluridisciplinaire, coordonnée, précoce. La rééducation orthokinésique, en combinant biomécanique, proprioception, respiration et posturologie, offre à la jeune mère non seulement la possibilité de soulager ses douleurs, mais surtout de retrouver sa pleine fonctionnalité corporelle. Cette reconstruction est un acte de santé fondamentale, qui conditionne son bien-être futur, son équilibre hormonal, son tonus psychique, et sa capacité à vivre pleinement son rôle de mère sans s’oublier en tant que femme.

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CHAPITRE 3 : LA POSTURE – MIROIR DE LA SANTÉ MATERNELLE

la posture est bien plus qu’un simple alignement du corps dans l’espace. elle est le fruit d’une interaction fine entre le tonus musculaire, la coordination neuromusculaire, l’état émotionnel, les afférences sensorielles, et l’histoire biomécanique de chaque individu. chez la femme enceinte ou en post-partum, la posture devient un véritable révélateur du vécu corporel, mais aussi un prédicteur fiable de la qualité de récupération. observer la posture, c’est lire le corps comme une carte, où chaque tension, chaque relâchement, chaque compensation raconte une histoire d’adaptation, d’épuisement ou de déséquilibre.
 
pendant la grossesse, le volume abdominal croissant pousse littéralement le centre de gravité vers l’avant. le tronc, pour éviter de basculer, entre dans un schéma de compensation par hyperlordose lombaire. ce mécanisme est normal jusqu’à un certain point, mais il dépend de la capacité du corps à intégrer cette contrainte. certaines femmes parviennent à compenser harmonieusement, d’autres subissent cette poussée vers l’avant, générant un effondrement global de la statique.
 
la qualité de l’appui plantaire devient alors déterminante. avec des pieds réactifs et bien structurés, le corps gère mieux la contrainte. en revanche, des pieds plats, instables ou peu stimulés favorisent une éversion excessive, induisant une rotation interne des hanches qui accentue encore l’hyperlordose et désorganise la chaîne ascendante. cela majore le stress sur les muscles stabilisateurs du bassin. les muscles fessiers, sollicités pour contrôler l’équilibre frontal, peinent à compenser durablement. le muscle piriforme, souvent en contraction défensive, participe à la restriction de mobilité sacro-iliaque. le psoas-iliaque, quant à lui, se raccourcit encore plus sous l’effet de la lordose, et en devenant suractif, il tire vers l’avant le rachis lombaire, bouclant un cercle vicieux postural.
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Le port de chaussure avec un talon surélélevé par rapport à l’avant engendre aussi une chute du corps antérieur est devient inévitablement un facteur d’aggravation dont le corps se passerait volontiers.
 
Lorsque ce schéma est combiné à un désordre fonctionnel du haut du corps, les compensations deviennent encore plus complexes. Une dysfonction des articulations temporo-mandibulaires (ATM), une asymétrie oculaire ou un trouble de convergence peuvent générer une chaîne descendante perturbée, qui modifie la position de la tête et majore le port de tête antérieur. Cette projection de la tête vers l’avant surcharge anormalement la chaîne postérieure : trapèzes, splénius, paravertébraux cervicaux, jusqu’aux érecteurs spinaux. La fatigue posturale s’accumule, et le corps risque de dépasser ses capacités adaptatives. On entre alors dans une forme de « faillite posturale », où le système musculaire ne parvient plus à compenser sans douleur ni tension excessive.
 
L’évaluation posturale en orthokinésie permet de repérer très précocement ces schémas de compensation, même subtils. En analysant la position du bassin, la projection de la tête, l’appui plantaire, la coordination respiratoire et la tonicité des chaînes profondes, le thérapeute dresse une cartographie fine des déséquilibres. Cette lecture permet d’intervenir au bon moment, avec les bons outils. L’utilisation d’activateurs plantaires, par exemple, vise à reprogrammer l’équilibre réflexe en partant du pied, socle fondamental de la posture. Combinés à un travail actif du caisson abdominal, du diaphragme et du plancher pelvien, ces leviers permettent au corps de retrouver son axe.
 
La posture devient ainsi un indicateur clinique majeur, mais aussi un levier thérapeutique puissant. En redonnant au corps ses capacités de régulation, en l’aidant à retrouver ses appuis, sa verticalité, sa cohérence interne, on prévient non seulement les douleurs musculo-squelettiques, mais aussi les troubles fonctionnels associés (fatigue, mauvaise oxygénation, stress chronique). Dans une vision intégrative, la posture de la femme enceinte ou en post-partum n’est pas seulement une conséquence mécanique : elle est le reflet vivant de sa capacité à s’adapter, à intégrer, à se reconstruire.
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CHAPITRE 4 : PRÉVENIR POUR RECONSTRUIRE – L’ENJEU POSTURAL DE LA MATERNITÉ

Il est fondamental de comprendre que ce qui n’est pas corrigé tôt s’enracine. Durant la grossesse, le corps se modifie en profondeur. Cette transformation, aussi nécessaire que naturelle, impose une surcharge mécanique, hormonale et posturale qu’il faut savoir accompagner. Si ces adaptations sont ignorées, le risque est grand de voir s’installer des séquelles post-partum durables, voire irréversibles. Pourtant, la majorité des douleurs et troubles qui apparaissent après l’accouchement sont évitables si l’on agit suffisamment tôt, dès les premiers signes de déséquilibre, voire en amont, grâce à un bilan préventif.

 
Ce bilan postural, idéalement pratiqué dès le premier trimestre de grossesse ou même en préconceptionnel, permet d’identifier les zones de faiblesse fonctionnelle : instabilités pelviennes, hypotonie abdominale, asymétries d’appui, déséquilibres des chaînes musculaires, troubles de la proprioception. Il oriente vers une prise en charge orthokinésique ciblée visant à rétablir la coordination neuromusculaire, à soutenir les structures portantes, et à redonner au corps les moyens de compenser sans s’épuiser.
 
Car la vérité clinique est la suivante : le corps compense tant qu’il le peut. Il s’adapte, module ses appuis, réorganise ses tensions. Mais lorsque les pieds sont déficients, que les capteurs proprioceptifs sont sous-stimulés, que les muscles profonds sont inactifs, la capacité adaptative s’effondre. L’hyperlordose s’aggrave, la respiration devient thoracique et inefficace, la chaîne postérieure s’épuise. Le système ne s’autorégule plus. C’est là que surviennent douleurs, fatigues, troubles circulatoires et digestifs.
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En post-partum, ces déséquilibres s’amplifient. Le ventre vidé perd sa tension centrale. Le plancher pelvien s’affaisse. La cage thoracique s’enroule. Et surtout, la jeune mère, épuisée, n’a souvent ni le temps, ni l’énergie de se consacrer à elle-même. Perdre du poids devient difficile. Bouger demande un effort surhumain. Les douleurs s’ancrent. Et dans bien des cas, une seconde grossesse survient alors que le corps n’a pas encore récupéré. Résultat : les lésions s’accumulent, les troubles se chronicisent.
 
Cette absence de récupération complète entre deux grossesses est l’un des mécanismes majeurs d’aggravation des troubles musculo-squelettiques chez les femmes multipares. Les stabilisateurs pelviens deviennent inopérants, le périnée se relâche, les diastasis s’élargissent, et la fatigue posturale devient constante. Il n’est pas rare que, passé deux grossesses sans accompagnement orthokinésique, les femmes soient en état de décompensation fonctionnelle, peinant à retrouver un corps efficient. D’où la remarque parfois crue, mais révélatrice, que « trois grossesses et plus, sans récupération, et le corps est déglingué ».
 
Face à cela, l’orthokinésie propose un cadre structuré de prévention et de reconstruction. En amont, elle permet de préparer le corps à la grossesse en renforçant la posture de base. Pendant la grossesse, elle soutient les ajustements biomécaniques nécessaires tout en limitant les compensations pathologiques. En post-partum, elle devient essentielle pour réintégrer le schéma corporel profond, restaurer la fonction abdominale et pelvienne, réactiver la respiration diaphragmatique et réorganiser la posture globale.
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Un outil clé de cette approche est l’usage des activateurs plantaires. Ces dispositifs proprioceptifs, insérés dans les chaussures, agissent comme des stimulateurs réflexes. Ils rééduquent l’arche plantaire, améliorent le retour veineux, guident l’alignement des membres inférieurs et stimulent l’axe postural dans son ensemble. Leur efficacité est optimale lorsqu’ils sont utilisés précocement, dès qu’une faiblesse est détectée dans le bilan. Plus la correction est précoce, plus la réponse du corps est rapide, fluide et durable.
Prévenir, c’est aussi donner à la femme les moyens de son autonomie corporelle. Comprendre son corps, identifier ses zones de tension, apprendre à respirer, à bouger, à se réaligner, sont autant d’enseignements que la démarche orthokinésique intègre dans sa pédagogie. Car il ne s’agit pas seulement de traiter, mais de rééduquer en profondeur : restituer au corps féminin sa capacité d’adaptation, sa puissance fonctionnelle, sa verticalité originelle.
 
Dans une société qui valorise la performance immédiate, il est urgent de rappeler que la maternité est un processus biologique majeur, qui mérite un accompagnement global, rigoureux et bienveillant. En redonnant toute sa place à la prévention posturale, on évite bien des douleurs, on restaure l’équilibre, et surtout, on permet à chaque femme de vivre sa maternité avec intégrité corporelle, sans s’y perdre.
 

CHAPITRE 5 : MATERNITÉ TARDIVE – NOUVEAUX ENJEUX POSTURAUX ET FONCTIONNELS

La maternité contemporaine évolue. De plus en plus de femmes choisissent d’avoir leur premier enfant à un âge plus avancé, souvent proche ou au-delà de 35 ans, parfois vers 40 ans et plus. Cette tendance, portée par des réalités professionnelles, sociales ou personnelles, pose des défis inédits sur le plan corporel, postural, hormonal et émotionnel. En effet, le corps d’une femme de 38 ou 42 ans ne dispose plus de la même élasticité tissulaire, de la même capacité de régénération ni de la même réserve fonctionnelle qu’à 25 ans. La grossesse tardive constitue donc un stress biomécanique et neurovégétatif supplémentaire, avec des risques posturaux, circulatoires, hormonaux et émotionnels accrus.
 
Sur le plan postural, ces femmes présentent souvent des schémas compensatoires déjà installés, parfois liés à une sédentarité prolongée, à des douleurs chroniques ou à des antécédents traumatiques. La grossesse vient alors majorer un déséquilibre préexistant : hyperlordose accentuée, affaissement pelvien, hypotonie abdominale, troubles respiratoires, dérégulation proprioceptive. La capacité adaptative diminue avec l’âge, ce qui rend les compensations plus coûteuses sur le plan énergétique et musculaire. De plus, certaines de ces femmes présentent un verre d’eau physiologique déjà presque plein : stress chronique, tensions cervicales, troubles digestifs ou migraines témoignent d’un organisme déjà sursollicité.
 
La fatigue gestationnelle, chez ces patientes, est souvent plus marquée. Les troubles du sommeil, les douleurs pelviennes, la congestion circulatoire sont plus fréquents et plus intenses. La récupération post-partum est généralement plus lente, moins spontanée, avec une majoration du risque de séquelles si aucune prise en charge précoce n’est proposée. La fonte musculaire est plus rapide, la tonicité tissulaire plus difficile à restaurer, et la reprise de l’activité physique demande une planification rigoureuse.
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Il faut aussi rappeler qu’un certain nombre de femmes n’arrivent pas à concevoir naturellement, malgré l’absence de cause organique claire. Ce blocage peut être multifactoriel, mêlant fatigue du système postural, désorganisation viscérale, tension diaphragmatique, troubles de la mobilité pelvienne, et surcharge émotionnelle chronique. Le stress, notamment chronique, est un facteur de crispation physiologique majeur, qui agit comme une contraction diffuse de l’organisme. Il perturbe l’équilibre hormonal, la régulation des cycles, la qualité de l’endomètre, la mobilité des trompes, et bien sûr la respiration. Il agit comme un verrou interne. Un rééquilibrage postural global, par libération tissulaire par la manipulation oryhokinésique, réharmonisation des appuis, stimulation réflexe plantaire, normalisation diaphragmatique et recentrage du bassin, peut parfois réactiver le potentiel reproductif naturellement, en restaurant un terrain fonctionnel et disponible. De nombreux cas cliniques témoignent d’une grossesse survenue après une phase de soins orthokinésiques adaptés.
 
Une fois la grossesse obtenue, le lien avec l’enfant est souvent d’autant plus fort que le parcours a été long et éprouvant. Cela peut favoriser une fusion mère-enfant très intense, qui, bien qu’émotionnellement riche, entraîne fréquemment un oubli de soi. Le désinvestissement corporel est alors un risque important : la femme donne tout à son enfant, mais néglige sa propre récupération, son schéma postural, ses besoins fonctionnels, ses douleurs. L’accompagnement orthokinésique permet alors de ramener la femme à elle-même, de lui faire réintégrer son corps, de la réinstaller dans sa verticalité, sans rompre ce lien avec l’enfant, mais en le rendant plus sain, plus stable, plus durable.
 
Dans cette population spécifique, le rôle de l’orthokinésie est encore plus fondamental. Il s’agit d’anticiper, de renforcer, de protéger. Un bilan postural OPS complet avant même la conception est fortement recommandé. Il permet de cartographier les faiblesses tissulaires, d’évaluer la stabilité pelvienne, d’analyser les appuis plantaires et de vérifier la coordination des chaînes musculaires profondes. À partir de ce bilan, une préparation personnalisée est élaborée.
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Il est également essentiel d’intégrer le facteur émotionnel. La maternité tardive est souvent portée par un fort désir d’enfant, parfois après un long parcours de fertilité. Cela crée un contexte psychique particulier, dans lequel le corps peut être vécu comme à la fois précieux et fragile. Le rôle du thérapeute est ici d’instaurer une relation de confiance, d’écoute, et de valorisation de chaque progression.

Enfin, le post-partum des femmes de plus de 40 ans doit être considéré comme une période stratégique de réhabilitation fonctionnelle. Il ne s’agit pas seulement de récupérer, mais de réinitialiser le schéma corporel global. La posture devient un outil de reconquête, la respiration une voie de recentrage, le mouvement une forme de renforcement vital. Avec un accompagnement orthokinésique rigoureux et humain, la maternité tardive peut ainsi devenir une expérience d’alignement, de renaissance corporelle, et de puissance retrouvée.

 

CHAPITRE 6 : PROTOCOLE ORTHOKINÉSIQUE – ACCOMPAGNER, CORRIGER, RESTAURER

Ce chapitre propose une méthodologie d’intervention orthokinésique structurée, adaptée aux différentes phases de la maternité. Le protocole repose sur trois grands principes : évaluer, réorganiser, stabiliser. Chaque étape correspond à un moment-clé dans le parcours de la femme, depuis la période préconceptionnelle jusqu’au post-partum avancé. Cette approche permet une correction fine, une prévention ciblée et une reconstruction durable des fonctions posturales, respiratoires et proprioceptives.

 

Phase 1 – Préconception et 1er trimestre
Objectifs : repérage des faiblesses posturales, activation douce du tonus profond, équilibrage plantaire.

  • Bilan postural complet : appui plantaire, test de rotation pelvienne, alignement scapulaire, respiration, ATM, œil.
  • Travail du pied : mobilisation articulaire fine, renforcement de la voûte plantaire, pose d’activateurs plantaires.
  • Stimulation du caisson abdominal : respiration diaphragmatique, exercices hypopressifs légers, éveil du transverse.
  • Préparation du périnée : travail global sans contractions directes, synchronisation souffle/périnée.
  • Éducation posturale : prise de conscience des gestes du quotidien, position debout et assise.

Phase 2 – 2e trimestre
Objectifs : prévenir les surcharges, préserver la mobilité pelvienne, entretenir la synergie posturale.

  • Suivi postural mensuel : réévaluation des appuis et du bassin, ajustement des activateurs.
  • Mobilité du bassin : cercles en position assise, étirements doux, bascules actives.
  • Maintien du tonus profond : gainages adaptés, positions à quatre pattes, travail respiratoire.
  • Prévention circulatoire : travail des mollets, massage, élévation des jambes, posture drainante.
  • Intégration fonctionnelle : adaptation des postures de sommeil, port de charges équilibré.

Phase 3 – 3e trimestre
Objectifs : soulager les tensions, renforcer les structures clés pour l’accouchement, maintenir l’alignement.

  • Gestion de la lordose : mobilisation lombaire douce, étirement du psoas, assouplissement des hanches.
  • Soutien du diaphragme : techniques respiratoires, conscience corporelle, libération des tensions thoraciques.
  • Soulagement avec les activateurs posturaux :  placement de sangles posturales modulables pour décharger le dos.
  • Activation plantaire continue : vérification des semelles, stimulation réflexe quotidienne.
  • Préparation à l’effort d’expulsion : posture en position gynécologique active, connexion périnée-transverse.

Phase 4 – Post-partum immédiat (0–6 semaines)
Objectifs : récupération douce, recentrage corporel, prévention des séquelles.

  • Reconnexion périnéo-abdominale : visualisation, respiration guidée, éveil du plancher pelvien.
  • Postures d’allaitement ergonomiques : position du bébé, soutien du dos, coussins adaptés.
  • Réplication du schéma respiratoire : exercices de bascule pelvienne synchronisés à l’inspiration.
  • Repos actif : exercices de respiration en position allongée, mobilisation passive.

Phase 5 – Post-partum stabilisé (6 semaines à 6 mois)
Objectifs : reconditionnement fonctionnel, prévention des rechutes, redynamisation globale.

  • Rééducation du caisson abdominal : hypopressifs, travail en position debout, synergie diaphragme-transverse.
  • Renforcement des stabilisateurs : travail des fessiers, gainage dynamique, proprioception unipodale.
  • Réentraînement à l’effort : marche active, montée progressive vers des activités dynamiques.
  • Révision des appuis plantaires : adaptation des activateurs, réintégration du pied dans le schéma moteur.

Phase 6 – Préparation à une nouvelle grossesse
Objectifs : bilan d’intégrité fonctionnelle, prévention des surcharges futures.

  • Bilan complet post-partum : évaluation de la récupération périnéale, du diastasis, de la posture globale.
  • Correction des séquelles résiduelles : traitement des douleurs chroniques, réalignement axial.
  • Programme de stabilisation : travail ciblé sur les chaînes musculaires affaiblies ou asymétriques.
 

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Découvrez en vidéo le bilan postural OPS

Ce bilan postural complet, réalisé avec le système OPS Clinic, permet d’analyser finement votre posture en statique et en dynamique. Il met en évidence les asymétries, les compensations et les surcharges mécaniques qui peuvent être à l’origine de vos douleurs aux pieds, aux genoux, au dos, aux hanches ou encore aux épaules.

Découvrez également le logiciel d’analyse de la posture OPS

Le logiciel OPS est un outil d’analyse biomécanique avancé qui mesure les déséquilibres posturaux, quantifie les asymétries et aide à objectiver l’efficacité des traitements, notamment des semelles orthopédiques actives et des autres activateurs posturaux. Il constitue le cœur du bilan postural OPS et permet de suivre l’évolution du patient dans le temps.


 
Pathologies posturales pouvant être améliorées par une prise en charge OPS
 
La méthode OPS (Orthopédie Posture Sport) s’adresse à de nombreuses pathologies douloureuses et dysfonctionnelles, qu’elles touchent les membres inférieurs, le dos, les membres supérieurs ou encore la sphère céphalique et mandibulaire. La liste ci-dessous est indicative et non exhaustive : elle illustre le large champ d’action d’un bilan postural OPS couplé à des traitements dynamiques (semelles orthopédiques actives, travail musculaire, corrections posturales, etc.).
 
Pathologies des membres inférieurs
 
Pieds
Pied plat, pied creux, pied bot, pied équin, pied diabétique (neuropathie), instabilité du pied, métatarsalgie, maladie de Morton, hallux valgus, hallux rigidus, quintus varus, orteil en griffe, tendinopathie achilléenne, tendinite du long fibulaire, rupture du tendon d’Achille, maladie de Sever, tendinopathie du tibial postérieur, scaphoïdite, os surnuméraire, syndrome du canal tarsien, aponévrosite plantaire, talalgie, épine calcanéenne, fracture de stress, algodystrophie du pied, ostéosynthèse, élongation musculaire, déchirure musculaire, crampes musculaires, arthropathie calcanéo-cuboïdienne, arthropathie de Lisfranc, maladie d’Haglund, excroissance osseuse, fibrose tissulaire, maladie de Sever (ostéochondrose de l’apophyse postérieure du calcanéum), maladie de Renander (ostéochondrose du sésamoïde), maladie de Kholer (ostéochondrose du scaphoïde), maladie de Freiberg (ostéochondrose de la tête métatarsienne), maladie d’Iselin (ostéochondrose de la base du 5e métatarsien), cor, verrue, durillon.
 
Douleurs de la cheville
Instabilité, entorse, ostéosynthèse.
 
Douleurs de la jambe
Périostite tibiale, tendinite du tibial antérieur, syndrome des loges.
 
Douleurs du genou
Instabilité, kyste poplité, lésions méniscales et ligamentaires, rupture du ligament croisé antéro-externe, entorse, syndrome de stress fémoro-patellaire, maladie d’Osgood-Schlatter, maladie de Sinding-Larsen-Johanson, tendinite rotulienne, tendinite de la patte d’oie, tendinite du biceps crural, syndrome du muscle poplité, syndrome de la bandelette de Maissiat (alias « l’essuie-glace »), genou valgum ou varum, marche in-toeing, prothèse totale du genou (PTG).
 
Douleurs de la hanche
Périarthrite, tendinite du psoas-iliaque, syndrome du muscle piriforme, syndrome du moyen fessier, tendinite des adducteurs, pubalgie, dysfonction sacro-iliaque, coxarthrose, cruralgie, bursite, prothèse totale de hanche (PTH).
 
Douleurs du dos
Scoliose, hyperlordose, hypercyphose, fracture de stress vertébrale, lombalgie, lumbago, lombarthrose, torticolis, inégalité de longueur des membres, dorsalgie, cervicalgie, maladie de Scheuermann, syndrome de la queue de cheval, canal lombaire étroit, discopathie, hernie, protrusion, spondylolisthésis, fracture par compression, fracture des transverses, fracture d’une épineuse.
 
Pathologies des membres supérieurs
 
Épaule
Scapulalgie, dysfonction de la coiffe des rotateurs, épaule gelée (capsulite rétractile), périarthrite scapulo-humérale, conflit sous-acromial, calcification, luxation.
 
Douleurs aux coudes
Épicondylite (Tennis Elbow), épitrochléite.
 
Douleurs aux poignets
Syndrome du canal carpien, ténosynovite des fléchisseurs.
 
Pathologies de la tête
Céphalées, migraines, vertige, vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB).
 
Douleurs des mâchoires
Bruxisme, SADAM, malocclusion, troubles orthodontiques, prognathisme, rétrognathisme.
 
Pathologies générales
Maladie d’Ehlers-Danlos, fibromyalgie, RAA, polyarthrite, spondylarthrite ankylosante, arthrite, goutte, arthrose, AVC, diabète, myopathie, Parkinson, sclérose en plaques, maladie de Charcot (SLA), Charcot-Marie-Tooth, hémiplégie, IMC, dyspraxie, dysphagie, dysphasie, dysgraphie, dyslexie, poliomyélite, acouphènes, strabisme, troubles veineux, nystagmus, phlyctènes, cors, durillons.
 
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