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LA TENDINOPATHIE ACHILLEENNE : ÉTIOLOGIE, BIOMECANIQUE ET APPROCHES THERAPEUTIQUES

Christophe Otte
Orthokinésiste
Physiothérapeute, podologue, ostéopathe, posturologue
LA TENDINOPATHIE ACHILLEENNE : ÉTIOLOGIE, BIOMECANIQUE ET APPROCHES THERAPEUTIQUES
La tendinopathie achilléenne est une affection musculo-squelettique courante qui affecte le tendon d’Achille, le plus grand et le plus puissant tendon du corps humain. Situé à l’arrière de la cheville, il relie les muscles du mollet (gastrocnémien et soléaire) au calcanéum (os du talon). Ce trouble est souvent associé à des douleurs, une raideur matinale et parfois un gonflement. Il survient principalement à la suite de microtraumatismes répétés ou de surutilisation, en particulier chez les sportifs et les individus actifs.



Physiopathologie et Biomécanique

La tendinopathie achilléenne résulte d’un déséquilibre biomécanique, souvent lié à une éversion excessive du pied. Ce mouvement crée une tension anormale sur le tendon d’Achille, aggravée par les mécanismes suivants :

  1. Excès d'éversion dynamique :
    Pendant la phase de propulsion, le pied effectue un mouvement d’éversion, et le muscle du mollet se contracte pour générer une force propulsive. Si l’éversion est excessive, elle déplace l’axe du tendon, exerçant une traction rapide et désalignée sur celui-ci. Ce phénomène, souvent décrit comme un « coup de fouet », provoque des microtraumatismes et des déchirures partielles.

  2. Calcanéum éversé et effet de poulie :
    Lorsque le calcanéum est incliné en éversion, il agit comme une poulie, amplifiant la tension sur le tendon d’Achille. Parallèlement, le fascia plantaire, qui est en tension maximale pendant la dorsiflexion des orteils en propulsion, accentue cette charge mécanique.

  3. Surcompensation musculaire :
    Dans les cas d’éversion marquée, le triceps sural (muscle du mollet) compense l’insuffisance du tibial postérieur, qui peine à gérer sa fonction d’inversion. Cette surcharge musculaire aggrave la tension sur le tendon.


Facteurs de risque

  1. Mouvements répétitifs :
    Les activités sportives comme la course à pied ou le saut augmentent les forces de traction sur le tendon.

  2. Déséquilibres biomécaniques :
    Une éversion excessive ou une hyperpronation du pied sont des contributeurs majeurs.

  3. Chaussures inadaptées :
    Le port de chaussures sans soutien suffisant ou avec un amorti inadéquat peut aggraver les contraintes sur le tendon.

  4. Facteurs anatomiques :
    Une longueur excessive du tendon, un calcanéum éversé ou une hyperlaxité ligamentaire peuvent prédisposer à cette affection.


Symptômes cliniques

  • Douleurs localisées :
    Principalement ressenties à l’arrière du talon, au niveau de l’insertion du tendon ou dans sa portion médiane.

  • Raideur matinale :
    Les patients rapportent souvent une raideur après une période de repos, particulièrement au réveil.

  • Gonflement :
    Une tuméfaction peut être observée dans les cas chroniques, accompagnée de nodules ou de zones fibreuses.

  • Douleur à la palpation :
    Appuyer sur le tendon enflammé peut déclencher une douleur intense.


Diagnostic

  1. Examen clinique :

    • Palpation du tendon pour identifier les zones douloureuses.
    • Tests de mise en charge pour évaluer les limitations fonctionnelles.
  2. Évaluation biomécanique :

    • Analyse de la marche pour détecter une éversion excessive ou une surcharge du tendon.
  3. Imagerie médicale :

    • Une échographie peut révéler des déchirures partielles ou des épaississements du tendon.
    • Une IRM est utile dans les cas graves pour évaluer les dommages structuraux.


Approches thérapeutiques

1. Gestion conservatrice

a. Activateurs plantaires (semelles orthopédiques actives) :

  • Des activateurs plantaires peuvent être utilisés pour corriger l’éversion excessive et réaligner l’arrière-pied.
  • Un renfort interne sous le talon peut stabiliser le calcanéum en limitant la tension sur le tendon, en cas d'inflammation excessive.
  • L’ajout de deux éléments côte à côte sous la largeur du talon réduit la traction sur le tendon en surélevant légèrement celui-ci. Cette méthode est temporaire (moins de six semaines) pour éviter l’affaiblissement du tendon.

b. Sangles élastiques associées aux activateurs plantaires:

  • Une sangle élastique appliquée derrière la cheville offre une traction postérieure pour aider à la propulsion.
  • En cas d’inflammation aiguë, il est préférable de repositionner la sangle à l’avant de la cheville pour éviter la pression directe sur le tendon enflammé.

2. Exercices et rééducation
  • Étirements progressifs :
    Étirer le triceps sural et le fascia plantaire améliore la flexibilité.

  • Exercices excentriques :
    Ces exercices renforcent le tendon en lui permettant de tolérer des charges plus importantes.

  • Proprioception et stabilité :
    Renforcer les muscles intrinsèques du pied pour améliorer la stabilité de l’arrière-pied.


3. Approches avancées
  • Thérapie par ondes de choc :
    Utilisée pour stimuler la cicatrisation des tissus.

  • Infiltrations :
    Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) peuvent accélérer la réparation des tissus.

  • Chirurgie :
    Réservée aux cas sévères ou aux ruptures complètes du tendon.


Recommandations pratiques

  1. Évaluation précoce :
    Une prise en charge rapide des symptômes permet d’éviter la progression vers des lésions chroniques.

  2. Correction biomécanique :
    L’analyse de la marche et l’utilisation d’orthèses personnalisées sont essentielles pour traiter la cause sous-jacente.

  3. Adaptation des chaussures :
    Choisir des chaussures offrant un bon soutien, un amorti adapté et suffisamment d’espace pour le pied.


Conclusion

La tendinopathie achilléenne est une pathologie fréquente, souvent aggravée par des déséquilibres biomécaniques comme l’éversion excessive. Une approche multidisciplinaire combinant gestion conservatrice, rééducation et correction biomécanique permet de soulager les symptômes et d’éviter les récidives. Avec une prise en charge adaptée, la majorité des patients peuvent espérer une reprise complète de leurs activités.

 

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